Véronique Jannot :  » Le bonheur n’est pas un dû. C’est un cadeau « 

La comédienne se livre à coeur ouvert : ses épreuves, ses bonheurs, elle parle de tout avec sensibilité et simplicité. Rencontre avec une belle personne, animée d'une joie de vivre et d'une envie intactes.

On a le sentiment, en vous voyant année après année, que vous êtes résolument heureuse. Est-ce le cas ? Et si oui, comment faites-vous ?

Oui, je suis heureuse. J'ai toujours voulu l'être. L'important dans la vie, c'est d'avoir une quête, une envie de trouver le bonheur. Mais la vraie question, c'est de se demander ce que signifie le bonheur. Il évolue avec le temps, avec les moments de la vie. Un jour, ce sera de trouver l'homme de sa vie, et un an après, ce sera de réussir à le quitter (rires). Il y a le bonheur au quotidien, qui permet d'apprécier une succession de petits laisirs, ce qui n'est pas négligable. Et puis il y a le bonheur durable, celui qui nous met en harmonie avec nous-ùêùes. Il vient du fait que notre vie est en cohérence avec ce que l'on ressent. Lorsque nous sommes dans cette cohérence, lorsque botre vie et notre pensée font "un", là je crois qu'on frôle le vrai bonheur... Or, on fait souvent des choix qui ne collent pas avec ce que l'on est au fond de soi.

Il est pourtant bien difficle de ne faire que ce que l'on aime ?

Bien entendu, on ne peut pas toujours choisir. On peut faire des choses par contraintes, pour l'éducation de ses enfants, pour faire simplement bouillir la marmite. Mais l'important, c'est de ne jamais être dupe, de toujours savoir pourquoi on fait ces choses, de surtout ne pas se mentir.

La fragilité de la vie, vous l'avez perçue très jeune, lorsqu'en 1979, vous avez du combattre un cancer...

Ce que j'ai vécu à 22 ans a été extrêmement déstabilisant. J'ai compris à ce moment-mà que tout peut basculer en quelques minutes, que la vie est d'une fragilité absolue. Lorsque j'ai su que je ne serais jamais maman, ce fut pour moi un tsunami, tellement violent que j'ai dû relativiser tout ler este. Cela m'a fait prendre conscience, très tôt, de l'essentiel : il faut avancer sur un chemin de lumière. Plus le temps passe et plus j'ai la certitude que l'épanouissement véritable ne tourne pas autour de soi. La plénitude est atteinte lorsqu'on aide, quand on donne vraiment de soi, lorsqu'on est vraiment avec l'autre. Pas à le regarder ou lui annoncer une attention, non, mais en étant pleinement avec lui. Et pour cela, il faut de la simplicité dans la relation. Voilà pourquoi je suis plus à l'aise abec des gens modestes, humbles.

Comment avez-vous dépassé cette peine de ne pouvoir être mère ?

Il y a des rencontres que j'ai faites, au fil du temps, qui m'ont aidée. Des gens sont venus, tour ) tour, m'indiquer des pistes, des chemins possibles. Peu à peu, j'ai appris à "vivre" cette douleur et à la dépasser en allant vers la spiritualité. Dans mon cas, ce fut le Bouddhisme, même s'il y a mille voies pour aller vers la spiritualité. J'ai appris, au contact de cette philosophie de vie, que les réponses essentielles sont aussi les plus évidentes. Les enseignements du Bouddhisme sont si simples qu'un enfant peut les comprendre. C'est ce qui les rend si vrais, si limpides.

Quelle différence faites-vous entre religion et spiritualité ?

Ravi Shankar comparait la religion et la spiritualité à un fruit. La peau du fruit, disait-il, est comme la religion. Elle peut être jetée. Seul importe le coeur du fruit, qui est la spiritualité.

Comment appréhendez-vous le temps qui passe, le fait de vieillir ?

C'est difficile de vieillir, notamment pour une femme. Et c'est encore plus difficile de bien vieillir. Voilà pourquoi il est si important de s'entourer des bonne spersonnes et de ne pas vivre de son image. D'où l'importance d'être nourrie intérieurement, de sourire à la vie. D'ailleurs, petit  onseil en passant, rire, ça muscle le visage.. ce qui évite le relâchement (rires) !

Quels seraient vos conseils pour une vie équilibrée ?

Chacun doit trouver son chemin seul. Je crois qu'il est essentiel de ne pas faire de plan de vie, mais de saisir les opportunités quand elles passent, d'être suffisament ouvert pour les voir, de croire en soi, en l'enthousiasme, de ne pas renoncer devant les chpses difficiles car elles annoncent de belles choses. Il ne faut jamais renoncer à ses rêves. Il faut vouloir, pour soi et pour les autres, que les choses se passent "bien". Refuser la facilité. Admirer et respecter le travail bien fait, les choses construites pour durer. Il faut apprécier d'être ensemble. Dire "Je t'aime", à celui ou celle qu'on aime, c'est important. Et puis parler, dialoguer, oser dire ce que l'on a sur le coeur, même si c'est parfois compliqué. Surtout ne pas se projeter dans le futur alors qu'on ne peut vivre qu'ici et maintenant. Il y a une phrase de Flaubert que j'aime beaucoup : "L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe."

Veronique Jannot